Culture

[ Njiké Nouemsi ] Sans filet ni parachute

Dans son livre « Sans filet ni parachute », Njiké Nouemsi met en scène des histoires qui ressortent des problèmes actuels tels l’immigration clandestine ou encore le terrorisme.

« Sans filet ni parachute » est un recueil de nouvelles publié aux Editions Ifrikiya dans la collection Sanaga en 2016. Six textes regroupés dans 106 pages qui, comme on peut le lire en quatrième de couverture, essaient « de faire parler des émotions qui sont bien tues ». Une lune couverte de noir au trois quart sous fond noir sur la première de couverture renseigne déjà le lecteur sur la tristesse qu’ont en commun les textes de ce recueil. Une lueur d’espoir est cependant perceptible dans les différentes histoires ce qui peut justifier les petites parties blanches sur la lune de la première de couverture.

 

« A moins un » est le premier texte de ce livre. Il met en scène l’histoire de Mboudjeka, un jeune camerounais qui comme beaucoup de jeunes africains rêve de l’occident. Ebloui par ce que les chaines occidentales diffusent à longueur de journée, pour lui, une vie meilleure n’est possible qu’en « migrant vers les jardins occidentaux(…) Il fallait donc partir, partir à tout prix(…) En vérité en vérité, le point de chute n’avait pas de réelle importance du moment qu’il se trouvait en occident » peut-on lire en page 14.

C’est ainsi qu’après son baccalauréat, Mboudjeka entame plusieurs procédures d’immigration vers plusieurs pas de l’occident sans succès. Ce qui ne va pas pour autant mettre fin à son rêve, bien au contraire. Avec l’aide d’un vendeur d’illusions, il décide de prendre la route car « seul lui importait désormais de trouver les voies et moyens pour rejoindre l’occident ». Dans son périple, il va intégrer de jeunes africains qui comme lui veulent « effectuer la traversée ».

Tout se passe bien jusqu’au jour où ils arrivent « aux confins de la bande d’Aouzou » quand « la Jeep au bord de laquelle ils s’étaient tous embarqués s’enlisa dans le sable ». Il fallut continuer le trajet à pieds et c’est ainsi qu’ils vont être repérés par « terrifiantes horde de cavaliers » à la frontière libyenne qui les firent prisonniers. Mboudjeka et ses camarades vont faire face à des hommes sans pitié, qui n’existent pas à tuer s’ils sentent contrariés ou incompris.

Alors que Mboudjeka voit sa fin arrivée, il est, ironie du sort, sauvé par le laxisme dont fait preuve le président de son pays, le Cameroun. Car, « quand il s’agit des camerounais, leur président (a rien à foutre. (…) Il passe le plus clair de son temps à l’étranger et nez s’occupe jamais de rien (…) Enlever un camerounais, c’est la malchance à coup sur » écrit l’auteur à la page 33. Mboudjeka est alors libéré avec une vidéo avec les autres otages qu’il fera parvenir dans les médias une fois de retour au Cameroun. « Mboudjeka était enfin heureux. Heureux de vivre sur la terre de ses ancêtres et surtout fier de sa négritude » à la grande surprise de ses proches lui qui avait toujours fait l’apologie de l’occident.

« Sans filet ni parachute » est riche en thème surtout actuels tels l’immigration clandestine, traitée dans son premier texte, l’injustice faite aux femmes ou encore le tribalisme qu’on retrouve respectivement dans « Toutes chose étant égales par ailleurs… » et « Mémoires d’un arracheur d’herbes ». Le texte « Sans filet ni parachute » qui donne son nom au livre est le dernier texte et nous donne de lire un amour étrange entre un homme noir et une femme blanche. Peut être une manière pour Njiké de lutter contre le racisme. L’utilisation prépondérante des noms typiquement africains comme Mboudjeka, Fotso, Ngo Noubissi, Tchuenté, Zomo Mbeme certainement un hommage à l’identité culturelle chez l’auteur.

Au niveau du style, l’écriture est en générale simple même si on pourrait reprocher à l’auteur une grande utilisation de métaphore et des images ce qui pourrait constituer un frein à une réelle compréhension chez le lecteur.

 

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