Culture

La danse, une pratique culturelle et identitaire au Togo

A l’instar du reste de l’Afrique, le Togo est un pays riche de ses milles et une cultures. Ces dernières influencent significativement les croyances et réalités sociales dans la nation Denyigban. Constituées de plusieurs pratiques, cultures, coutumes et traditions mettent en avant l’identité du peuple, tout en conservant pour chaque togovi homme et femme, l’histoire de sa communauté. La danse, l’une de ces pratiques, permet d’exprimer aussi bien joie et colère, tristesse et gratitude, ou de rendre un hommage particulier. Quelles sont les danses présentes dans l’histoire du Togo, et quelles significations revêtent-elles ?

Du Nord au Sud, bon nombre de danses sont exécutées à de diverses occasions telles que les fêtes, les initiations culturelles, ou bien d’autres cérémonies. Cette diversité met en exergue toute l’originalité des peuples et la beauté de la culture togolaise.

Le agbadja des EWE et d’autres danses du sud Togo

Les Ewé (lire évé) appartiennent à l’ère culturelle adjatado. Cette population d’Afrique de l’Ouest vit au sud-est du Ghana et au sud du Togo où ils sont majoritaires. Durant les réjouissances ou lors des funérailles, plus précisément, les sorties de deuil, les éwé esquissent le plus souvent des pas d’une danse intitulée le « agbadja ».  L’on retrouve également ces mêmes pas chez leurs frères Mina et Adja dans le sud-ouest du Bénin d’où est d’ailleurs originaire le plus grand ambassadeur de cette danse dans le monde, l’artiste béninois Gbéssi Zolawadji.

Gbessi Zolawadji, Meilleur artiste traditionnel africain au Kora Awards 2001 | (c) Grand Public

Toujours chez les Ewé, on retrouve le « adjogbo », une danse aujourd’hui à connotation folklorique, mais qui en réalité relève de la spiritualité. Elle est pratiquée dans la préfecture des lacs par les hommes à l’occasion des fêtes de fin d’année organisées par les populations de la localité.  Dans la préfecture de Kloto à Kpalimè, les éwé pratiquent également le « Bobobo » lors des réjouissances, mais également en période de deuil, pour les funérailles.

Pour toute jeune fille ayant l’âge de se marier au Sud du Togo, dans certaines localités, une danse est obligatoire. Elle a pour objectif de prouver la virginité des jeunes filles tout en les protégeant contre les esprits malveillants. Il s’agit du « Adjifo ».  Quant au peuple Guin, ils dansent le « Gazo » lors de leurs diverses festivités.  Les filles restent sont particulièrement à l’honneur avec la danse « Djokoto » lors de l’intronisation d’un roi dans la préfecture des Lacs, en région maritime.  D’autres danses telles que « Akpesse », et  « Gbekon » sont aussi exécutées au Sud pour les réjouissances.

Les pas de danse en pays Bassar

Situé dans la région de la Kara, Bassar est le chef-lieu du département du même nom. Le peuple bassar pratique durant les cérémonies d’initiation traditionnelle une danse bien particulière : le «T’bol » ou « Tibol ». Encore appelée la danse du feu, elle est pratiquée durant un moment où des valeurs et forces divines sont transférées d’une génération à une autre. Sa spécificité réside également en le fait que ses danseurs peuvent acquérir durant la cérémonie de puissante force spirituelle, et voir le futur de la communauté. La cérémonie se déroule entre 23h et 6h du matin en trois différentes étapes :

  • L’initiation des danseurs aux valeurs de la communauté et à la danse du feu sur de la braise.
  • Les sacrifices aux divinités de la part des nouveaux initiés, généralement des chiens et des poulets.
  • La danse du feu par l’ensemble des participants, nouveaux initiés et les aînés.
Un initié marchant sur du feu ardant lors de la danse de feu

Un habillement typique est exigé pour les danseurs durant la cérémonie. Il s’agit d’une veste en peau d’animal et un sac orné de miroirs, un short ou une jupe, des talismans en ceinture, et un collier de fer sur les pieds. Enfin dans le feu, les danseurs acquièrent des facultés qui leur permettent de voir les événements à venir dans la communauté.

Toujours en Pays Bassar, les jeunes filles vierges en âge de se marier exécutent une danse particulière lors des cérémonies : « Abalé ». Cela s’exécute avec une calebasse au rythme du tam-tam qu’elle jongle entre leurs deux mains. Néanmoins, elle permet aussi de vérifier si la fille est effectivement vierge. Si ce n’est pas le cas, la calebasse tombe de ses mains : un déshonneur pour elle et toute sa famille.

Le goumbé

Le « goumbé » est une danse que l’on retrouve dans la localité de Bafilo dans la région de la Kara, au Togo. Notons qu’une danse au même nom est également pratiquée dans la région centrale du Bénin chez les peuples yoruba de la localité, plus précisément les idasha et les shabe.

Dans une même région ou dans une même ethnie, les danses peuvent toutefois différer d’un village à un autre. C’est notamment le cas chez les Kotokoli.

Quelques danses identitaires dans la région du peuple Kabye

Toujours dans la region de la Kara, on part à la rencontre du peuple Kabye et sa danse phare du « Kamou » exécutée après les récoltes en Novembre. Dans la même localité, les jeunes filles en âge de se marier exécutent le « Tchimou ».

Danse habye de la Kozah | (c) Togo Tourisme

Quant aux initiés dans la région, ils dansent le « Habye » une danse de démonstration de puissance spirituelle.

La danse du couteau

« Adossa » est une danse exécutée par les clans Traore, Toure, Mende, Cisse, Fofaba qui sont des peuples Didaouré. Cette danse se pratique au cours du troisième mois de l’année islamique, durant la période de la fête « Gadao-Adossa » qui respecte le calendrier islamique et n’a donc pas de mois fixe pour sa célébration.

Festivités Adossa-Gadaou à Tchaoudjo | (c) Togo Top Infos

La danse Samah

Au Nord, la danse « Samah » est exécutée au cours des réjouissances. Dans le même temps, à Kara, une danse d’initiation au nom de « Idjombi » est exécutée par les jeunes garçons en âge de se marier. Elle est qualifiée de danse des guerriers. Il est donc question de prouver à sa belle famille que l’on est capable de veiller et protéger sa prétendante et la famille. Chacun fait alors l’essentiel pour prouver sa force mentale et physique.

La danse des Ouatchi

A la mort d’un père Ouatchi, les fils ainés exécutent une danse pour la circonstance. Ils se déplacent avec sur leur têtes un tam-tam d’une soixantaine de kilo, joué par un batteur derrière eux, de la maison de leur père jusqu’à la place publique. Pour retracer les grands moments de la vie de leur illustre père, ils exécutent d’autres pas de danse appelée le « Tawugan », sur la place publique.

Quelques autres exemples de danses togolaises

Le togo regorge de plusieurs autres danses. A Notse, la danse « Kpalogo » est fortement appréciée. Du côté de Aklakou, on en retrouve également plusieurs autres telles que le « Kinkan », ou le « Alèmon », sans oublié le « Akpokpa » à Hangoumé.

Ces danses sont des spécialités des localités où elles sont exécutées et sont exclusives à chaque peuple, du moins au Togo. Chacune d’entre elles est liée à une tradition, raconte une histoire ou donne un sens social et communautaire à un peuple. Rappelons que certaines de ces danses s’accompagnent de chants spécifiques exécutés uniquement par des personnes initiées.

NB : Cet article est une contribution de Mme Edwige MENSAH.

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