Histoire

Amadou HAMPÂTE Bâ : le vieillard-bibliothèque

Amadou Hampâté Bâ vit le jour à Bandiagara (actuel Mali) vers 1900. Il est issu de deux familles nobles de l’ancien empire Peul du Macina. Enfant, son éducation fut confiée à Tierno Bokar, érudit soufi dont il consignera plus tard les enseignements par écrit. Très tôt inité aux traditions séculaires de son peuple, celui que l’on surnomma Amkoullel fut un témoin privilégié des différents événements qui marqueront l’histoire de l’Afrique de l’Ouest.

Malgré les réticences de sa mère, il rejoignit finalement l’école coloniale où il s’illustra brillamment. Refusant d’obtempérer à une décision administrative inique, Amadou fut détaché à titre de punition en Haute-Volta en tant qu’interprète et préposé aux écritures de l’administration coloniale.

Théodore Monod en compagnie de Amadou Hampâté Bâ

Le tournant décisif de sa carrière intervint en 1942 où, par l’entremise de Théodore Monod, il est affecté à l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN). Il mit les années suivantes à profit pour mener des recherches ethnologiques et recueillir des traditions orales. La reconnaissance du milieu académique vint en 1944 quand il publia Kaïdara, un conte initiatique peul.

L’UNESCO lui ouvrit ses portes en 1951. Dix ans plus tard, il en intégra le conseil exécutif où il se fit un infatigable défenseur des traditions orales africaines. En effet, jusque là, les milieux scientifiques refusèrent de considérer l’oralité comme source historique fiable. En 1962, répondant au sénateur américain BENSON qui traitait les africains d’incultes, il répondit par une phrase qui devint proverbiale : « Apprenez que dans mon pays, chaque fois qu’un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui a brûlé ». 

Amadou Hampâté Bâ

Ayant acquis une renommée internationale, Amadou Hampâté BÂ reçut plusieurs prix et distinctions. Entre autres, le Grand Prix littéraire d’Afrique Noire en 1974 pour son livre L’étrange destin de Wangrin. Amadou Hampâté Bâ a offert un point de vue unique sur le sort du continent noir. En effet, il a connu l’Afrique avant, pendant et après les indépendances. Il a su prédire nombre de défis auxquels est confrontée l’actuelle génération d’africains : la préservation des identités face à la mondialisation, le dialogue entre les civilisations, la tolérance religieuse, la culture de la paix.

Amadou Hampâté Bâ s’éteint à Abidjan en mai 1991. Il laisse derrière lui une œuvre monumentale : une vingtaine de livres, des conférences prononcées à travers le monde, une influence indéniable au sein des milieux africanistes.

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