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Sandra Idossou et le #SachetHeloue : Le combat de tous

Depuis un bon moment,  passer une journée sur Internet au Bénin sans lire une information liée au sachet Heloue est limite impossible.  Derrière cet activisme grandement salutaire se trouve la brave Sandra Idossou.  Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Sandra Idossou, consultante en qualité de service. Je vis de ça mais je m’intéresse aussi à toutes les questions liées à la santé, à l’environnement et au bien être parce que ce sont des sujets qui me tiennent à cœur et donc depuis 4 mois je mène un combat contre le sachet plastique au Benin parce que je rêve d’un Bénin sans sachet plastique pour notre santé, pour la santé de nos enfants et pour notre environnement. Donc voilà depuis quelques mois les gens m’introduisent comme activiste mais je sais pas, je suis devenue activiste parce que je me révolte contre un certain nombre de choses.

Vous êtes loin de votre domaine de prédilection qu’est la consultation en relation client. Pourquoi ce changement ?  Qu’est-ce qui vous a motivé à commencer ce combat ?

Alors ce qui s’est passé c’est qu’il y a quelques mois, on avait une tante à la maison qui était malade et pendant qu’elle était malade on a cherché à lui acheter de l’Akassa parce que c’est ce qu’elle voulait manger. Et j’étais déçue, j’étais découragée de me rendre compte que dans toute la ville de Cotonou on ne trouvait pas de l’Akassa en feuille de bananier. Et moi quand je regardais ma tante manger cet Akassa  chaud et en sachet plastique, je suis restée devant elle en me disant j’étais en train de l’empoisonner. Et cette idée selon laquelle j’étais en train de l’empoisonner est restée tout le temps, je n’arrivais pas à dormir, à la limite je me disais que c’était ma faute si elle toujours malade donc à un moment je me suis dit qu’il fallait trouver un moyen de faire arrêter ça. Et c’est pourquoi j’ai lancé la pétition, et pour moi lancer une pétition, c’était d’abord pour sensibiliser les gens et amener nos autorités à prendre des décisions et à interdire le sachet plastique  parce que, pour moi, les autorités sont là aussi pour le bien être de la population et donc pour c’était l’option la plus facile de les amener à interdire l’utilisation du sachet plastique.

Comment appréciez-vous le comportement des internautes béninois d’ici et de la diaspora vis à vis de cette pétition ?

J’avoue que j’ai été agréablement surprise par l’implication des internautes béninois et de ceux de la diaspora par rapport à cette pétition. Au départ en lançant cette pétition je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant d’implication et justement le fait qu’il y ait eu autant de signatures montre une fois encore que ce sujet de sachet plastique nous intéressait tous et que tout le monde en avait marre et donc je pense que c’est un symbole très fort qui montre que les béninois savent se mettre d’accord sur certains sujets et que les béninois ne sont pas que pour les sujets politiques.

Vu l’énorme utilisation des sachets plastiques dans le quotidien des béninois,  pensiez-vous que la loi passerait si facilement à l’assemblée ?

Alors pas du tout !!! Parce que quand je me suis lancée dans cette campagne, mon but était de servir d’élément de pression parce que ce projet de loi était à l’assemblée depuis vraiment longtemps. Donc j’estimais que si on était nombreux à en parler  cela allait montrer aux députés qu’on s’impatientait à ce que la loi soit votée. Evidemment je n’avais pas du tout imaginé que cela se passerait si rapidement que ça.  C’est la preuve que si on se met ensemble pour refuser un certain nombre de choses, nos autorités nous écouteront et pourraient même prendre des décisions en notre faveur.

Vous demandez ouvertement l’interdiction du sachet plastique. Avez-vous pensé aux solutions de rechange ?

Nous avons toujours eu des solutions alternatives au Bénin mais le problème c’est qu’elles n’ont pas été vulgarisées. Et quand les gens me posent cette question, je réponds en leur demandant de revenir aux anciennes pratiques c’est-à-dire garder un sac ou un bol quand on va acheter au marché ou à manger. Ce comportement responsable nous évitera déjà de revenir à la maison avec des tonnes de sachet. Et l’autre alternative représente les emballages biodégradables notamment faits en papier. J’ai déjà rencontré une dizaine d’entreprises locales qui proposent les alternatives en papier. Ce qu’il faut à ces entreprises c’est de moderniser leurs process afin de satisfaire toute la population maintenant que le sachet plastique est interdit. Cela aidera réellement la population.

Le Pure Water, vous le connaissez bien. Il risque de disparaitre. Le béninois lambda avait pour habitude de prendre ça pour se désaltérer. Le Zémidjan sur la voie, le vendeur ambulant au marché etc. Qu’adviendra-t-il de ces gens qui n’ont pas les moyens de se prendre régulièrement des bouteilles minérales de Fifa ou de Possotomè ?

Je comprends les raisons économiques derrière cette question mais en même temps pour leur santé, le mieux pour eux serait de sortir de la maison avec une gourde remplie d’eau. Cela leur permettra de boire de l’eau saine. Et ils ne sont pas obligé de prendre de l’eau minérale Fifa ou possotomè, il y a des bonnes dames qui vendent de l’eau dans des bidons à 100f ou 150F maximum.

Quelles sont les actions futures ? Et comment se fera la sensibilisation vis-à-vis du public béninois ?

Le plus gros travail commence maintenant. Comme vous l’avez remarqué, j’utilise assez les réseaux sociaux parce que c’est le moyen le plus simple pour moi de toucher le public. N’ayant pas de gros moyens je sais qu’avec internet je toucherai des gens. Maintenant il faut aller vers d’autres couches pour que la sensibilisation soit effective donc c’est dans cette logique que j’ai fait le tour de quelques écoles afin de sensibiliser les enfants. Il y a également quelques semaines, j’étais du côté de Fabdjento pour un événement sportif grand public à la place du souvenir.  Derrière tout ça il y a beaucoup d’autres activités prévues (Spots en langues nationales, sensibilisation de masse dans les marchés etc.) qui se feront en fonction des moyens qui s’offrent à moi. Il est important d’amener les gens à adopter des comportements responsables.

Un dernier mot ? Aux béninois et aux influenceurs web qui vous ont aidé ?

Aux béninois je voudrais dire que le sachet plastique est dangereux pour leur santé et pour leur environnement et il faut absolument qu’on l’enraye de notre quotidien. Le sachet est dangereux parce qu’il est produit avec du pétrole ; donc en contact avec des aliments il nous rend malade évidemment. Le sachet plastique est à la base de beaucoup de maux  au Bénin. Nos villes sont inondées car nos canalisations sont bouchées par des sachets plastiques. Nos terres ne produisent plus très bien car elles sont bouchées par des sachets plastiques qui prennent 400 ans avant de se désintégrer totalement. Nous sommes malades et chaque jour ça s’aggrave, il est temps que ça s’arrête.

Aux influenceurs j’aimerais dire merci du fond du cœur pour cette mobilisation incroyable. Je tiens également ç leur dire que c’est maintenant que le vrai combat commence car c’est maintenant qu’il faut sensibiliser la population sur les dangers du sachet plastique, aller dans les marchés, les écoles,  sur les réseaux sociaux, amener les gens à adopter de nouveaux comportements responsables.  Parfois nous n’avons pas besoin de gros moyens, il faut communiquer aux alentours, informer la vendeuse d’à côté que le sachet n’est pas bien pour la santé etc. C’est maintenant qu’il faut dire Heloue au sachet plastique.

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