Culture

Vodoun, alimentation, et gastronomie au Bénin

La religion vodoun a conditionné les habitudes alimentaires de la plupart des béninois. En effet, au temps du royaume de Danxomè, plusieurs interdits alimentaires dits « totems » avaient été institués du fait de la sacralisation de certaines espèces animales et végétales. Tout comme le porc proscrit chez les musulmans car étant impur, le python par exemple est interdit de consommation chez les adeptes le vénérant. Mais ce qui nous intéresse ici est l’apport du vodoun à l’art culinaire béninois.

Le “amiwô”, la pâte rouge

Dans les couvents ou lors de cérémonies vodoun, des offrandes notamment des plats soigneusement préparés sont offertes aux divers dieux vénérés. Certains de ces plats dont les recettes furent précieusement gardées dans les couvents ont été révélées, et donc désacralisées. C’est le cas du fameux « Amiwo », qui signifie littéralement « pâte d’huile », car faite à l’origine à base d’huile de palme rouge et de farine de maïs. Peu de gens savent aujourd’hui que ce plat national était auparavant destiné aux dieux vodoun.
Amiwo au poulet braisé, accompagné d’une sauce tomate épicée aux oignons. © Les Gourmandises de Karelle

Le “ata”, le beignet de haricot

Deuxième aliment populaire issu des couvents vodoun: l’acarajé encore appelé « ata ». Ce petit beignet de haricot est la nourriture rituelle de l’orisha[1] Oya. En yoruba il est appelé “àkàrà je”, àkàrà signifiant « boule de feu », et je, « manger ». Il est de nos jours consommé en général au « goûter » par les béninois, vendu dans l’après-midi par les « bonnes dames » dans les ruelles des villes et villages.
Acarajé ou ata, beignets de haricots. © Afro délices
L’acarajé, originaire du Bénin-Nigéria a été exporté au Brésil et dans les Caraïbes par les esclaves en particulier les initiées qui servaient la déesse yoruba Oya. Ces dernières étaient les seules habilitées à la préparation de ce met sacré. Elles en vendaient dans les rues de Salvador de Bahia. Cela devînt petit à petit un marché florissant, et c’est grâce à leurs revenus que ces esclaves ont pu acheter leur lettre d’affranchissement, leur liberté. Les esclaves affranchies de retour sur leur terre natale ont donc continué à vivre de ce commerce qui s’est peu à peu dévalorisé. Sachez qu’au Brésil l’acarajé est classé Patrimoine immatériel national depuis l’an 2000, une reconnaissance due à son histoire. A Bahia le commerce de l’acarajé est une institution et les vendeuses respectées.
Stand d’aracajé d’une baiana à Salvador. (C) commons.wikimedia.org
Les touristes brésiliens seraient donc intéressés de retrouver ce pan de leur patrimoine au Bénin, même si ici l’acarajé n’est pas considéré culturellement à sa juste valeur. Cet aliment n’est d’ailleurs pas le seul en commun avec la gastronomie brésilienne et afro-caribéenne. Du fait de l’esclavage et du retour au Bénin d’esclaves affranchis, un mix de cultures culinaires s’est opéré. Par exemple, la feijoada[2], héritage culturel, aussi bien consommée au Bénin qu’au Brésil.
[1] vodoun (dieu ou déesse) en yoruba
[2] haricots rouges

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