Une jeunesse africaine en marche pour le changement
« La démocratie du plus fort est toujours la meilleure » chantait Alpha Blondy en hommage au journaliste burkinabé Norbert Zongo, assassiné le 13 décembre 1998. En exprimant cette pensée en l’an 2000, le chanteur ivoirien ne savait pas qu’elle serait encore plus d’actualité dix-sept ans plus tard.
En effet, partout sur le continent, certains jeunes activistes font les frais de leurs idées révolutionnaires qui inquiètent les vieux régimes africains. J.O.U.R (Jeunesse de l’Opposition Unie pour la Résistance), Lucha (Lutte pour le changement), Filimbi, Sassoufit, sont les noms de quelques mouvements citoyens qui font l’actualité politique de l’Afrique depuis 2016, militant pour le départ des Chefs d’État et familles qui sont au pouvoir depuis plus de 30 ans.
Malgré les arrestations, les incarcérations, voire même les persécutions, les individus qui s’illustrent dans ce champ d’action ont compris que la liberté n’est pas une donnée acquise mais une conquête perpétuelle. De l’autre côté, il s’agit d’un engagement différent. Ces autres jeunes n’ont pas choisi la voie politique pour apporter un changement au sein de leurs communautés. Ils ont plutôt décidé de s’investir dans des actions citoyennes : éducation de leurs concitoyens sur les questions de gouvernance ou de salubrité urbaine, sensibilisation et dépistage du paludisme, encadrement des orphelins, administration gratuite de cours en informatique… Ne dit-on pas que tous les chemins mènent à Rome ?
Effectivement, les personnes faisant partie de ces deux groupes, qu’ils posent des actions politiques ou citoyennes, s’identifient à des figures historiques telles que Nelson Mandela, Patrice Lumumba, Miriam Makeba, Fela Kuti, ou encore Thomas Sankara. Quelle que soit leur nationalité ou leur couleur de peau, ils rêvent ensemble d’une autre Afrique, un continent libéré des portraits péjoratifs de pauvreté, d’analphabétisme, de chômage élevé, de conflits armés, de famine qui peuplent les multiples rapports des Organisations Internationales.
Le mois de Février au Cameroun symbolisant la jeunesse, j’ai voulu mettre en valeur les actions que mènent les jeunes sur le continent africain. Le projet sur l’engagement citoyen et politique des jeunes en Afrique abrité par mon blog a été l’occasion d’entrer en contact avec d’autres Africains et sonder leur vision de notre continent mais surtout de motiver ceux qui hésitent encore à apporter leur pierre à l’édifice. En effet, certaines personnes parmi nous aimeraient s’investir dans des actions concrètes, apporter un soutien réel à leurs communautés, mais s’interrogent sur la manière et les moyens à mettre œuvre pour atteindre leurs objectifs. En s’informant sur d’autres individus qui leur ressemblent, je pense que ces jeunes peuvent facilement trouver une source d’inspiration et de motivation dans leurs différents parcours.
De ce fait, j’ai interrogé dix-huit personnes afin de mettre en lumière les domaines dans lesquels elles s’investissent, leurs convictions et valeurs, ainsi que les difficultés rencontrées par elles au quotidien : 1 Nigérian (Ogunseye Israel), 2 Gabonais (Valérie Aleksandrowicz et Marceau Malekou), 2 Angolais (Magno Domingos et Hamza M’Banza), 1 Congolais (Andrea Ngombet), 1 Congolais de la RDC (Gael Bussa), 1 Malgache (Andriamaly Ranaivoson), 1 Béninois (Atman Bouba), 3 Camerounais (Kristelle Ellong, Onana Franck et Dr. Albert Ze), 2 Guinéens (Kalil Diakite et Fatoumata Cherif), 1 Tunisien (Zahreddine Berhima), 1 Burundais (Gilbert Bukeyeneza), 1 Zimbabwéen (Doug Coltart) et 1 Mauritanien (Yero Sow).
Étudiants, organisateurs bancaires, enseignants, journalistes, médecins, artistes, restaurateurs, c’est à travers les réseaux sociaux que ces profils différents ont trouvé un exutoire. Ils usent de l’arsenal d’outils qu’offrent les Technologies de l’Information et de la Communication pour faire entendre leurs voix et mettre au grand jour leurs réalisations. A travers leurs activités numériques, ils ont su se construire une expertise et une personnalité qui attirent la sympathie des personnes qui suivent leurs actualités. Ils déplorent la passivité des instituions nationales et continentales face aux défis de gouvernance, de démocratie, de sécurité et de paix, de développement qui se posent à chaque pays pris séparément et au continent africain dans son ensemble. La population de l’Afrique étant majoritairement jeune, ces activistes attirent l’attention de leurs camarades sur la force de changement que peut représenter une jeunesse engagée et invitent les autres jeunes à prendre en main leur destin qui est à la fois celui des générations futures.
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