Histoire

Bambara : Histoire d’une ethnie

Les Bamanankan (Bambara) forment un groupe de plus de 6 millions d’individus et constituent l’ethnie la plus importante du Mali. Ils sont originaires de trois zones qui se situent actuellement dans les régions de Ségou, le Bélédougou et Kaarta. La langue ( kan ) des Bamanan du Mali appartient au groupe Mandé, l’un des plus importants d’Afrique, auquel se rattachent entre autres, le Malinké et le Soussou en Guinée Conakry, le Mandingue de Casamance ou le Samo du Burkina Faso. Sous la forme très voisine du Dioula, le Bambara est également présent en Côte d’Ivoire. Zoom sur l’histoire de cet impressionnant groupe ethnique d’Afrique occidentale !

Voila donc une carte plus détaillée sur la répartition du groupe ethnique Mandingue. Source : Wikipédia

Origine  

La forme Bamanankan est la forme à travers laquelle les Bambara se désignaient eux-mêmes. Cette dernière prendrait son origine dans la bravoure de ce peuple.

Ban ma na : ceux qui ont refusé de se soumettre au maître.

Selon la tradition orale, le royaume de Ségou aurait été fondé par deux frères, originaires de l’actuel Côte d’Ivoire, Niangolo et Baramangolo. Poursuivis jusqu’au bord d’un fleuve où ils ont cherché en vain une pirogue pour s’échapper, les deux frères ont été finalement sauvés par un gros silure. Le poisson aurait surgit des eaux faisant de son corps un pont, qui a permis aux deux frères de prendre la fuite. Une fois le fleuve traversé, les frères se sont séparés. Baramangolo s’établit sur la rive droite du Niger, et fonde le royaume de Ségou, Niangolo quant à lui s’établit sur la rive gauche. Il fonda le royaume de Kaarta. D’après les griots, les Bambaras ont pris le nom de « Koulibaly » à ce moment-là, Kulu voulant dire « pirogue » et Bali « sans ». Le royaume de Ségou connaîtra son apogée au début du XVIIe siècle.

Un homme marqua l’histoire du royaume : Biton Mamary Coulibaly, originaire de Nyamana, à côté de l’actuelle ville de San, qu’il quitta seulement à la mort son père. Grand chasseur, Biton s’imposa très vite dès son jeune âge à ses camarades de jeu. Il devint leur Tontigi (chef). C’est d’ailleurs par la faveur de cette association de jeunes qu’il accéda au pouvoir. Une fois chef, il entreprit de transformer ce groupe de jeunes en une véritable force militaire qu’il mît au service de son ambition. Grand rassembleur et grand stratège, Biton exigea de ses hommes qu’ils lui jurèrent fidélité sur les fétiches des ancêtres. Devenu maître du royaume de Ségou, Biton mena de nombreuses guerres qui donnèrent à Ségou le respect dont il bénéficie encore mais, il noua aussi des alliances avec les voisins Marka, Peul et Minyanka quant il ne crut pas nécessaire de les combattre. À sa mort, ses compagnons, les Tonjon (soldats), s’opposèrent à ses successeurs légitimes. Intrigues et coups d’états rythmèrent la vie du royaume pendant quelques décennies.

Architecture Bambara. Segou, Mali | Source : Architecture Richmond

La Spiritualité

La religion principale au Mali est l’Islam, cependant le pays n’est pas une république islamique et la pratique de cette religion est très modérée. Mais à un certain âge, il devient difficile de se soustraire à l’observation des préceptes musulmans (ramadan et prières) quelles que soient ses croyances par ailleurs. Toutefois le syncrétisme religieux y est monnaie courante. Les Soninké, les Peul, les Touareg, les Songhaï et les Bozo ont été les premiers convertis et restent les plus islamisés. Il y a aussi l’animisme, la spiritualité ancestrale de l’ancien empire, qui est pratiqué par une partie de la population, notamment les Dogons qui ont résisté à l’islam, les Senoufo, les Bamanankan, les Malinké, qui s’en réclament.

Chez les Bamanankan de Ségou, la spiritualité réside autour de trois points : l’existence d’un Dieu suprême « Faro », la présence d’un groupe formé d’un large nombre de divinités couramment invoquées et l’importance de diverses sortes d’esprits et des ancêtres liés à de nombreux aspects de la vie quotidienne.

L’initiation est une étape fondamentale dans tous les aspects de la vie Bamanankan. Celles-ci comprennent les sociétés N’domo, Komo, Nyama et Koré. La société des forgerons, N’domo s’occupe de la circoncision et prépare les garçons à leur futurs rôles d’adultes. Ils y apprennent les origines de l’humanité. Le Komo est la société d’initiation des hommes chez les Bambara. Le fonctionnement et les pratiques ne peuvent être divulgués. Il est toutefois utile à savoir qu’il existe d’autres sociétés d’initiation dans le monde Bambara qui peuvent être parallèles au Komo, cas de la société des femmes, oui qui le précèdent c’est notamment le cas du Kono. Le Nyama agit contre les esprits malveillants. Koré est divisé en huit niveaux distincts qui correspondent aux éléments célestes et terrestres. Le rite de passage comporte 3 étapes. La première est le détachement de la religion étrangère, en occurrence l’Islam et de sa tribu. La seconde est l’entre deux. L’initié se retrouve entre deux statut sociaux. La dernière étape est le retour à la tribu avec un nouveau statut social. Cette initiation a pour but la connaissance, l’instruction de la personne et le changement de statut social. Faro est le créateur et le guide de l’univers et tient leur destin entre ses mains. Mais, comme la plupart des Africains, les Bambara honorent les ancêtres, en se plaçant sous la protection bienveillante de leurs esprits. L’un des éléments est la libation, c’est à dire le fait d’offrir aux ancêtres les premières gouttes d’une boisson avant de la consommer en versant au sol ou ailleurs.

Langue et écriture

Lorsqu’aujourd’hui on parle de langue Bambara, une grande majorité de maliens fait allusion au sous-groupe du centre ou Mandingue. À cette appellation Mandingue, correspond un continuum Mandinka, Khassonké, Dioula, et Bambara. Le Bamanankan, qui est le plus souvent étudié comme étant la langue standard est celui de Bambako, c’est-à-dire une forme urbaine doublée d’un mélange de Bamanankan de Ségou, de Maninkakan de Kangaba et de Kita. Toutefois le Bamanankan de Segou à la réputation d’être la forme pure de cette langue, car c’est une forme moins urbanisée que celle de Bamako, donc subissant moins les influences extérieures. Étant donné que c’est la langue de la capitale, elle s’est très vite imposée comme langue véhiculaire dans le sud et dans une moindre mesure le centre du Mali.

L’alphabet n’ko | Source : http://alesk.canalblog.com

L’écriture N’Ko a été inventée par Soulemayne Kante en  Guinée en 1949. Il est essentiellement utilisé par les locuteurs Malinke, Bamanankan en Guinée, mais aussi au Mali et en Côte d’Ivoire.

Les prénoms

Généralement, les Bamanankan donnent des prénoms à leurs enfants en fonction de l’ordre de naissance. Le premier fils s’appelle Nci, le deuxième Ngolo, le troisième Nzanke. Parallèlement à cette règle, il est habituel aussi que le premier fils porte le nom du père. Mais force est de constater que depuis l’arrivée de l’islam, les Bamanankan convertis, de plus en plus nombreux, ont pris des prénoms musulmans. Ce faisant, leurs enfants et petits enfants ne portent plus de prénoms traditionnels parce qu’on leur donne le prénom du grand-père musulman même lorsque les parents eux-mêmes ne sont pas musulmans. Il est même courant de rencontrer des enfants nés dans des familles chrétiennes porter des prénoms musulmans à cause de la personne que l’on honore en donnant son prénom à l’enfant.

Les scarifications

Au Mali, certaines ethnies portent des scarifications pour se distinguer des autres. Cette tendance tend à se perdre et on rencontre de moins en moins. Toutefois, toutes ne font pas allusion à l’origine ethnique, à la tribu au clan ou au nom. Il y en a qui font allusion au lieu de naissance. C’est le cas des natifs de Mopti. Mais force est de constater que cela ne se fait presque plus.

Une femme de l’ethnie Bamanankan, Mali. | Source : Pinterest

L’Agriculture

L’activité principale des Bamanankan demeure l’agriculture. Elle est extensive et concerne surtout une agriculture de subsistance avec des céréales (mil, maïs, riz, fonio). Ce sont des véritables champs de brousse, situés à l’extérieur du village. Depuis quelques années, on cultive aussi de l’arachide et un peu de coton. Il est cultivé par les femmes qui le récoltent aussi. Les instruments dont se servent les Bamanankan sont assez rudimentaires, ce sont des houes et des dabas.

Fêtes et loisirs 

Les occasions ne sont pas nombreuses. Elles se limitent aux mariages (Furusiri), baptêmes (denkundi), circoncisions et excisions (bolokoli). Cependant, après la période du travail au champ, tous les soirs, les jeunes jouent du tam-tam, chantent et dansent. Toutefois en ville les soirées organisées par les jeunes ne se font pas autour du tam-tam, mais dans une salle et au rythme de la musique moderne.

Les septs jours de la semaine en Bamanankan :

Ntenen      Lundi

Tarata       Mardi

Araba        Mercredi 

Alamisa    Jeudi

Juma        Vendredi

Sibiri        Samedi 

Kari          Dimanche 

Sources:

  • Histoire de l’Afrique noire, Joseph Ki-Zerbo
  • Histoire de la civilisation africaine, Léo Frobénius
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Bambaras
  • http://architecturerichmond.com/2014/03/03/sister-city-profile-segou-mali/
  • http://alesk.canalblog.com/archives/2009/02/04/12307893.html

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