S’il est vrai que l’intensité des manifestations festives varie d’un pays à un autre en Afrique (subsaharienne), il n’en demeure pas moins dans le subconscient populaire que ces diverses cérémonies (mariages, funérailles, communions, baptêmes…) sont d’une importance capitale. Gouffre financier pour la plupart, elles sont un rendez-vous de voyeurisme où chaque famille concernée exhibe sa capacité pécuniaire. Petit tour d’horizon du mariage au Nigéria et des cérémonies funéraires au Bénin !
Le mariage nigérian : Go big or go home
Véritable phénomène culturel dans ce pays ouest-africain à plus de 100 millions d’habitants, le mariage ne se fait pas du tout dans la discrétion. Ici le maître-mot est : bling bling. La mode est à qui aura la plus belle cérémonie, la plus belle réception, la plus belle robe de mariée, et à bien d’autres records vaniteux. On assiste donc très rapidement à des mondanités grandioses et fastueuses.
Go big or Go home ! Au Nigéria, ne se marie pas qui veut, mais qui peut.
Pour obtenir toute la reconnaissance sociale due à leur “rang”, les familles n’hésitent pas à se saigner à blanc. En réalité, généralement en Afrique et plus précisément au Nigéria, ce n’est pas seulement un couple qui s’unit, mais plutôt deux familles voire collectivités. Il faut noter qu’ici, le nombre d’invités à certains mariages peut atteindre 1000. Ceci peut d’ailleurs expliquer pourquoi il est fréquent et désormais normal de voir chaque famille payer pour ses invités sous le couvert d’un(e) wedding planner choisi(e) parmi la crème de la crème. Peu importe que la future mariée se transforme en bridezilla, l’organisateur/trice de l’événement doit accomplir un travail irréprochable.
Au Nigéria, l’amour peut vous coûter la peau des fesses
Qui dit mariage de rêve, évoque budget nigérian. Oups! Royal. Le coût moyen d’un mariage nigérian est estimé entre 10.000 et 13.500 dollars US. Selon la célèbre organisatrice de mariage Funke Bucknor dans une interview accordée à la chaîne CNN, pour ses cérémonies, il faut compter à partir de 5 millions de naïra, 20 millions, voire 100 millions (277.393 dollars). Ceci dit, il n’est point rare d’atteindre des bagatelles de plusieurs millions de dollars comme ce fut par exemple le cas des mariages des enfants des milliardaires Folorunsho Alakija, puis Aliko Dangote. Et dans cette enveloppe, tout le monde y trouve son compte. Le mariage est aujourd’hui une industrie à part entière au Nigéria, et son plein essor en fait désormais l’un des piliers de l’économie du pays.
Mariage africain : budget nigérian is the new budget royal. L’amour peut vous coûter la peau des fesses au Nigéria.
Ces unions coûteuses nourrissent une centaine de professionnels, de la styliste au maquilleur, sans oublier le traiteur, le photographe, les artistes, le MC… L’industrie du mariage génère beaucoup d’argent et est en constante croissance. Entre aso ebi, aso oke, strass, paillettes et abus de highlight, les looks des mariés et des parents font l’objet de grandes imaginations des designers et make-up artists de la nation blanche et verte. Le prix n’a pas d’importance, seul le résultat compte.
Mariage nigérian : la conquête des médias sociaux
Si la compétition fait rage dans la vie réelle, le challenge n’en demeure pas moins sur les réseaux sociaux. A coup de posts et de likes, il faut satisfaire les tendances voyeuristes des internautes. Des médias tels que Bella Naija diffusent régulièrement des clichés de mariés nigérians du monde entier sur leurs différentes plateformes (Instagram en particulier). Marqué du sceau d’un hashtag, ce nombrilisme débute parfois très tôt avec des demandes en mariage bien scénarisées. Certains couples monétisent même leur union. Ce fut le cas des stars Banky W et Adesua Etomi dont le mariage ayant fait des émules sur les réseaux sociaux, a été sponsorisé par l’office du tourisme d’Afrique du Sud. Mais au delà de cette propension à l’ostentation, quelle est la place de l’amour dans ces noces opulentes ?
La place de l’amour dans les unions nigérianes
Tout porte à croire que les mariages nigérians sont la solde d’une longue histoire d’amour. Pourtant, il semblerait que de nombreuses nigérianes préfèrent quitter le cocon familial la bague au doigt plutôt que de vivre seule, acte vraisemblablement mal vu par la société (africaine conservatrice en général).
Dans certains cas, il s’agit de mariages de raison noués dans le but de sceller des engagements entre familles de classe politique et économique. L’une des illustrations de ce fréquent cas de figure est l’union entre Fatima Umar Ganduje, fille du gouverneur de l’Etat de Kano, et Idris Abiola Ajimobi, fils du gouverneur de l’Etat d’Oyo, célébré par l’émir de Kano en la présence du président du Nigéria, du président du sénat, et de plusieurs autres personnalités et haut dignitaire du pays. Le mariage au Nigéria : L’amour ? Oui, mais pas seulement. Place est également donnée au pouvoir et à l’argent.
Tous les couples traversent des crises. Et à l’instar du commun des mortels, ces couples ne sont pas non plus épargnés par les turbulences. N’en déplaise à la fille du célèbre homme d’affaire Aliko Dangote ! Après un mariage qui a connu la présence de l’américain Bill Gates, du vice-président du Nigéria Professeur Yemi Osinbajo, du président ghanéen Nana Akufo-Addo, des anciens présidents Olushegun Obasanjo (Nigéria) et Boni Yayi (Bénin), de sénateurs et d’autres hommes d’affaires et personnalités, la majestueuse alliance a été entachée d’un scandale avant même que le gateau du mariage ne soit digéré.
On pourrait aussi citer le cas des célébrités Tiwa Savage et Tonto Dikeh séparées ou divorcées selon le cas pour violences domestiques en dépit d’unions étoilées. Il s’agit d’un exemple parmi tant d’autres. Pour en savoir plus sur une autre facette des post-weddings nigérians, faites un tour sur la page du Dr Love Joro Olumofin où certaines publications font carrément état de marié(e)s peinant à satisfaire sexuellement leurs époux/ses après des noces somptueuses. Par ailleurs, si les mariages ont la cote, les divorces ne demeurent pas en reste. Mais ça, c’est une autre histoire
Les funérailles au Bénin : événement social et cérémonie spectaculaire
Dans un registre plus sombre, au Bénin, les weekends sont des jours de fête. Et ce n’est pas les habitants de la célèbre capitale Porto-Novo qui vous diront le contraire. Malgré qu’il ne s’agit pas de célébrations heureuses, les hagbê et certains de leurs compatriotes ne lésinent pas sur les moyens. Ici on célèbre les décès. Mais attention ! Seuls les décès de personnes âgées sont célébrés, pas ceux des jeunes. C’est une pratique très populaire dans le pays, mais beaucoup plus dans la partie méridionale, où un agor (cérémonie en langue fongbé) peut durer toute une semaine. On pourrait croire que l’enterrement d’un proche ne ruinerait point les familles éplorées, mais c’est sans compter les professionnels en la matière qui ont trouvé dans les funérailles le filon d’or à exploiter. Aujourd’hui, la demeure temporaire (morgue) d’un cadavre en attendant qu’il soit enseveli coûte en moyenne entre 2.500 et 3.500 franc CFA la journée.
Et si la morgue n’est pas gratuite, le cimetière aussi a un tribut. Les prix varient ici selon l’emplacement géographique. Bien que la ville de Cotonou ait son comptant de tombes, il est toujours possible de négocier une fosse à Akpakpa contre 500.000 fCFA voire la bagatelle d’un million. Et pour les cas d’enterrement dans une propriété privée, là aussi, il faudra retirer une autorisation qui s’élève à plusieurs centaines de mille auprès de l’autorité municipale.Au Bénin, il vaudrait mieux sauver votre proche malade que de le laisser mourir. Son enterrement pourrait vous coûter plus cher que son traitement.CLIQUEZ POUR TWEETER
Ces frais obligatoires d’emblée ne sont qu’une partie de l’iceberg. C’est en effet sans compter les dépenses florales pouvant atteindre le quart de million, les croque-morts, les annonces médiatisées, le wax ou autre tissu de la cérémonie, le cercueil au prix moyen de 150.000, sans oublier la prestation du prêtre célébrant la messe.
A cette logistique, s’ajoutent bien évidemment les repas à offrir aux invités qui peuvent atteindre ici plusieurs centaines en fonction du rang social des familles éplorées. Ici la marque de soutien est gratifiée d’un festin après la mise sous terre de la personne décédée. Honte à vous si vos invités repartent chez eux le ventre vide ! On va plus loin en offrant aux invités des étrennes à l’image du trépassé, du moins, en sa mémoire selon les textes souvent imprimés sur ces différents objets. Si la location de rues pour des célébrations funéraires a été récemment interdite par les autorités béninoises, les cours d’école sont quant à eux encore fréquemment réquisitionnés les weekends pour permettre à toutes et à tous de rendre un dernier hommage aux morts.
Est-ce une coincidence que le Bénin et le Nigéria soient des voisins ? Dans l’un ou l’autre, les motifs pour fêter ne manqueront certainement pas.
Sources :
- https://www.theguardian.com/world/2016/feb/26/perfect-nigerian-wedding-lagos-top-tips
- https://www.amina-mag.com/lindustrie-mariage-nigeria-poids-lourd-de-leconomie-nigeriane/
- https://edition.cnn.com/2017/12/15/africa/nigerian-wedding-industry/index.html
- https://www.lassurance-obseques.fr/deuil-afrique-rituels/
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