L’époque pré-coloniale demeure l’une des périodes les plus prospères de l’Afrique. Le continent noir était subdivisé en de différents royaumes parmi lesquels le royaume du Benin dont la capitale portait le même nom. Fondé vers le XIeme siècle par les Edo, « Benin Kingdom » était situé dans le sud-ouest de l’actuel Nigeria, et est décrit aujourd’hui comme étant l’un des plus prestigieux royaumes de l’histoire de l’Afrique pré-coloniale. Retour sur l’histoire de la monarchie du peuple Edo!
L’étymologie du mot « Bénin » n’est pas établie avec certitude. Une hypothèse dérive « Bénin » d’Ubini, un mot d’origine Yoruba qui d’une mauvaise prononciation à une autre, passa à “Bini”, puis “Benin” autour de 1485 quand les Portugais ont commencé des relations commerciales avec Oba Ewuare, le souverain du royaume. Des déclarations d’éminents avant-gardistes de la culture Yoruba présente d’ailleurs le Royaume du Bénin comme étant une partie intégrante de la maison de Oduduwa, ancêtre des Yoruba. Mais ceci est toute une autre histoire.
Même si les deux territoires ont en commun le pillage de leurs précieux objets d’art par leurs colonisateurs respectifs (ici l’Angleterre et la France), il faut souligner que le royaume du Bénin et l’actuelle République du Bénin n’ont aucun lien particulier. Le pays n’a quant à lui été rebaptisé Bénin qu’en 1975 par son ancien président Mathieu Kérékou.
Le royaume du Benin était réputé pour sa terre cuite, son cuivre, son art en bronze et de l’ivoire. Il avait eu pour but d’entourer l’Oba ( le roi ), d’un cadre propre à rehausser son prestige.
Les récits des explorateurs
Les auteurs arabes et les premiers voyageurs européens des XV et XVIe sont les seuls à avoir vu l’Afrique noire avant les attaques portugaises, surtout avant les razzias négrières transatlantiques, c’est pourquoi leurs écrits ont une importance capitale. Parmi les plus connues, celle du royaume du Benin, par les Hollandais sont sans doute les plus significatives en raison de la personnalité des auteurs ainsi que de la nature et de la sincérité des indications fournies :
” La ville semble être très grande, quand on y entre, on va dans une grande rue, large, non pavée qui semble être sept ou huit fois plus large que la rue Warmoes d’Amsterdam, qui s’en va tout droit. On pense que cette rue a 1 mille hollandais (7km) de long. On voit beaucoup de grandes rues sur les côtes qui s’en vont tout droit. Les maisons dans cette ville se dressent en bon ordre, chacune à côté et dans l’alignement de l’autre, comme se dressent les maisons en Hollande. A la porte par laquelle je suis entré à cheval, j’ai vu un très haut rempart. Hors de cette porte, il y a un grand Faubourg ” – P. Mercier, 1962, Civilisations du Bénin, Sté continentale d’Editions modernes, p 161. (extrait tiré du récit d’un hollandais anonyme du 16e siècle).
Le hollandais, Olfert Dapper écrivait à propos de cette même capitale, Benin, dans son ouvrage Description de l’Afrique (1668). Ce n’est pas un témoignage oculaire, lui-même n’était qu’un voyageur mais il a réuni de nombreux témoignages et à produit son ouvrage.
” La ville est composée de trente rues principales très droites et larges de cent vingt pieds ; en outre une infinité de petites rues transversantes. Les maisons sont rapprochées les unes des autres en bon ordre, elle n’ont qu’un étage de hauteur. Le palais du roi est un ensemble de bâtiments qui occupe autant de place que la ville Harlem et qui est entouré d’un mur, comme celui qui entoure la ville. Le seul palais de la reine a trois lieues de tour et la ville cinq. La ville et le palais pris ensemble ont un périmètre de huit lieues (soit plus de 30 km) ” – Olfert Dapper, Description de l’Afrique, p 308.
Les notes d’Olfert Dapper laisse paraître la surprise de l’aventurier face à la taille du palais royal du Benin, et surtout la taille de cette prestigieuse ville africaine. Les notes d’un autre aventurier dénommé Jean-François Landolphe décrivent aussi le royaume du Benin.
” Les rues sont très larges , un milieu il y’a de l’herbe où se nourrissent les chevreaux et les moutons. Il y’a d’un côté le Palais Royal qui est à lui seul une véritable ville habitée par un grand nombre d’hommes titrés, de serviteurs et de femmes, de l’autre côté, la ville proprement dite, qui comprend une quarantaine de quartiers, chacun ayant sa spécialisation “. – Van Alstein, capitaine négrier, p. 249-250. 1964
Architecture
Vous n’avez probablement jamais entendu parler de la muraille du Benin, décrit comme l’un des plus grand travaux de terrassement réalisés avant l’ère mécanique. Elle a été construite dans l’objectif de défendre le royaume. Cela a nécessité près de 150 millions d’heures de travail. La muraille du royaume du Benin était à un moment donné 4 fois plus longs que la Grande Muraille de Chine, Outre, de nombreux autres murs ont été érigés onpourt séparé les environs de la capitale en environ 500 villages distincts. Les murailles du Bénin furent détruites par les Anglais en 1897 durant la guerre.
Les derniers jours du royaume du Benin
L’année 1897 a marqué la fin du grand royaume du Benin. La fin aussi de l’art somptueux qui y était né vers le XVe siècle; l’art du bronze et de l’ivoire.
Les britanniques désireux de profiter du commerce de l’huile de palme s’étaient installés vers le XIXeme siècle sur la côte du Bénin, mais l’Oba éludait toutes leurs approches et propositions d’entente, trouvant toujours des prétextes pour différer la signature d’un accord. Selon eux, l’Oba Ovonramwen aurait signé un accord.
Pour mettre fin à ces dérobades, le général adjoint britannique James Phillips décida de se rendre au palais de l’Oba, escorté de 9 britanniques. L’Oba accepta de laisser venir les blancs, mais réalisant le danger imminent, ses sujets envoyèrent des hommes tuer les représentant britanniques. Cela va déclencher la guerre contre les Anglais. Le 18 février 1897, les Britanniques envoient 1500 troupes au Bénin, qui envahissent le royaume et mettent à sac la ville.
L’Oba Ovonramwen est envoyé en exil à Calabar, où il meurt en 1914. C’est la fin du royaume du Bénin qui allait être annexé par la couronne d’Angleterre.
Cette expédition punitive sonne la dispersion à travers le monde des œuvres d’arts et trésors royaux de cette civilisation. Certains d’entre eux ont d’ailleurs été mentionnés dans le film marvel “Black Panther”.
Ces trésors pillés sont répartis principalement entre les musées de Londres, Paris et Berlin. Quelques exemples des pièces d’art pillées par les Anglais…
Plus de 90% des pièces d’art majeures de l’Afrique subsaharienne se trouveraient hors du continent. Le patrimoine culturel a été pillé pendant la période coloniale. On peut facilement retrouver les objets d’art africains dans tous les musées en Europe. Ceci n’est plus un secret. L’Afrique a été volée et doit aujourd’hui faire la courbette au nom de la diplomatie pour se faire restituer ses objets d’art.
L’héritage des Edo
Il existe dans les traditions de la cour du Benin, encore aujourd’hui, des cérémonies royales qui célèbrent le glorieux passé de l’Empire. L’autorité de l’actuel roi du Bénin, Ewuare II est d’ailleurs profondément liée au culte des ancêtres qui l’ont précédé dans la dynastie royale. Il a encore une grande influence au niveau sous-régional, dans le sud de l’actuel Nigeria.
Sources :
- P. Mercier ; Civilisations du Benin ; Ste continentale d’Editions modernes.
- Leo Frobénius, Mythologie de l’Atlantide.
- Joseph Ki-Zerbo ; Histoire de l’Afrique Noire.
- Louise Marie Diop-Maes ; Afrique noire, sol, démographie et histoire.
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