Les derniers jours du mois de décembre sont particulièrement caractérisés par une ambiance festive dans la plupart de nos sociétés. Au Bénin, cette période de joie et de gaieté est marquée par plusieurs distractions parmi lesquelles les célèbres danses Kaléta. Etat des lieux de ce festival de masques, très prisé par des milliers d’enfants.
Portrait d’un Kaléta
Le Kaléta est une personne vêtue d’un accoutrement de clown et portant un masque durant une manifestation de danses du même nom, pratiquée généralement les soirs de fêtes par de jeunes enfants rappelant à tous l’imminence des festivités.
Les spectacles ne s’organisent pas à un endroit fixe, les groupes d’enfants bougent dans tout le quartier. Ils chantent, jouent de la musique et dansent de maison en maison pour égayer les soirées des habitants-spectateurs dans l’espoir d’une gratification, toutefois facultative. Le kaléta danseur et ses accompagnateurs (choristes et joueurs d’instruments), offrent de très bons spectacles afin de ne pas repartir les mains/poches vides.
Lorsqu’une récompense est obtenue, le groupe conclut sa prestation par une chanson de remerciement. Dans le cas contraire, les enfants repartent toujours dans une ambiance festive, chantant cependant une comptine faisant état de l’avarice du spectateur. Le succès d’un kaléta dépend en grande partie de la composition de son équipe.
Les acteurs de la danse Kaléta
Un groupe de Kaléta est constitué de plusieurs acteurs jouant chacun un rôle bien précis. La réussite du spectacle dépend d’une bonne coordination entre lesdits acteurs regroupés en 3 catégories :
- Le kaléta. Vêtu d’un costume à base de pailles, de gants, et d’étoffes déchirées, il porte un masque au visage et est le principal danseur du groupe.
- Les choristes. Ce sont les chanteurs du groupe. Le chef du groupe Kaléta joue très souvent également le rôle de maitre de chœur.
- Les instrumentalistes. Ils jouent les instruments de musique à savoir tam-tam, gon, kpanou etc.
Certains groupes de kaléta, très bien organisés, disposent de leur propre fabricant d’instruments de musique, ou de costumier pour la confection des accoutrements. Par ailleurs tous ces éléments peuvent facilement s’acheter sur le marché. Même si le kaléta fait désormais partie des coutumes au Bénin, il faut notifier que ni la cérémonie, ni le masque, ne sont sacrés.
Tout le monde peut y participer, peu importe le sexe. Cependant les habitudes ont voulu que ce soit seulement un homme qui porte le masque. Il doit être un excellent danseur, « avoir le rythme dans la peau » comme on le dit. Les jeunes filles font souvent partie du groupe des choristes.
La danse du Kaléta se transmet de génération en génération. Elle ne nécessite ni de lien héréditaires, ni d’initiation particulière. Vous savez chanter ? Vous savez danser ou vous servir d’instrument de musique ? Bienvenu dans le groupe ! Découvrons dès à présent comment est née cette pratique qui a été pendant longtemps la marque d’une Noël magique pour plusieurs enfants.
Origine et signification du Kaléta
Entre 1830 et 1835, d’anciens esclaves du Brésil effectuèrent un retour massif sur le Golfe du Benin. Ils ramenèrent avec eux de nombreuses coutumes dont le Kaleta. C’était une représentation de la colère des esclaves envers leur maître durant les fêtes de réjouissances qui intervenaient après les récoltes dans les fermes. Le Kaléta vient du mot portugais ”Karita” qui signifie grimace, en français. Ce masque destiné à ridiculiser le maître, était souvent représenté par des animaux hideux auxquels ce dernier était comparé. Les 101 familles afro brésiliennes de retour à la côte des esclaves disposaient d’un groupe de Kaléta.
De nos jours, le Kaléta se rapproche de plus en plus du déguisement et du principe de la fête d’Halloween pratiquée en Amérique du nord. Par ailleurs, face à la percée des manifestations culturelles modernes, le Kaléta rayonne de moins en moins. Toutefois, de rares initiatives sont introduites afin de maintenir sa flamme allumée. C’est le cas du Festival des masques “Kaléta et des arts Agouda” dont la ville de Ouidah accueille la 14ème édition du 22 au 24 décembre 2017.
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