Le musée ethnographique et d’histoire des peuples de la forêt d’Afrique Centrale

Situé au cœur de la ville aux 7 collines (Carrefour Elig-Essono, près de la pharmacie Le Mfoundi), ce joyau culturel retrace le mode de vie des Peuples de la forêt d’Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Congo, RDC, Guinée équatoriale, Angola, Sao Tomé et Principe). C’est par un après-midi ensoleillé que les commentaires savants du guide nous permettent de plonger dans une période lointaine de notre Histoire.

Un lieu riche en découvertes

Le musée ethnographique et d’Histoire des Peuples de la forêt d’Afrique centrale est le fruit d’une initiative privée, celle du Dr. FOUDA. Pharmacienne de profession, elle a développé une grande passion pour l’ethnologie et c’est en autodidacte qu’elle a accumulé des connaissances dans les milieux de l’art d’ici et d’ailleurs. Mue par le besoin de valoriser la culture dans laquelle elle baigne depuis l’enfance, elle ouvre ce musée en 2005 après avoir passé plusieurs années à former sa collection. Ouverte et disposée à partager son savoir, le Dr Fouda n’hésite pas à s’entretenir avec les visiteurs qui le désirent.

La collection exposée nous permet de découvrir la richesse culturelle des peuples concernés : Photographies, fresques, instruments de musique (balafon, cithare, Mvet), arsenal de guerre, outils de chasse (arbalète, carquois, flèches), jeux (Songo’o et Abbia), statues et masques, poteries, ustensiles de cuisine, couverts, etc. Le visiteur a même l’occasion d’entrer et de s’asseoir dans des cases d’Homme et de Femme Béti. Les divers objets que l’on retrouve sont issus, entre autres, des peuples Béti, Fang, Punu, Pygmées Baka, Mahongwé, Lunda-Tshokwe.

 

Lieu mythique ayant accueilli des personnalités à l’instar du Père Engelbert Mveng et de l’anthropologue Philippe Laburthe-Tolra – lesquels ont contribué à l’étude du peuple Béti – le musée organise également des évènements ponctuels aussi bien pour célébrer les traditions des Peuples de la forêt que pour encourager le partage culturel. Ainsi, lors d’une soirée, les invités ont eu l’occasion d’apprécier une danse rituelle à l’origine effectuée uniquement par des initiés : Le « Minkeng Mi Mbon » (« gong des initiés »).

A la fin de la visite, émerveillé par les multiples découvertes que l’on vient de faire, l’on a l’occasion de ramener des souvenirs et de laisser son empreinte dans le livre d’or du musée.

Focus sur le rite du So’o

Entre autres faits culturels sur lesquels vous serez instruits pendant la visite du musée figure le So’o, un rituel essentiellement masculin pratiqué en pays Béti qui recouvre 2 fonctions.

Dans sa première fonction, le rite du So’o permet au « Mvon / Mbon » (initié) de quitter le monde des profanes pour celui des initiés. Y étaient donc soumis tous les jeunes garçons du village en âge d’être initiés (12 ans minimum). La seconde fonction du So’o réside dans l’expiation des « Nsem » ou fautes. Il peut s’agir soit de manquements aux normes sociales (par exemple, le fait de tuer un vis-à-vis) ou d’interdits liés directement au So’o (comme exposer les secrets du rite). L’homme qui avait commis de telles fautes devait subir les épreuves de purification afin d’éviter les malheurs (deuils, maladies) qui pouvaient s’abattre sur sa personne. En moyenne, la durée du rite était de 1 à 2 ans. Cependant,  elle pouvait être prolongée selon la gravité de la faute commise.

Il n’existait pas de calendrier défini pour la pratique du So’o. Le rite était déclenché lorsqu’il y avait eu faute grave dans toute la contrée. A la fin du rite, les nouveaux initiés s’adonnent au « Minkeng Mi Mbon » afin de célébrer leur courage. Ayant surmonté avec bravoure les longues épreuves de la forêt, ils sont désormais les nouveaux chasseurs-guerriers de la communauté. Ils sont désormais soumis à un certain nombre d’obligations dont celle de la confidentialité.

Le So’o qui « était vécu consciemment par les vieux Beti comme le centre de leur vie religieuse et sociale, comme leur culte spécifique » va s’attirer les foudres des missionnaires chrétiens qui demandent son interdiction en 1904. C’est en 1907 que l’administration allemande interdit effectivement sa pratique dans la zone Ewondo. Les Pères pallotins continuent de faire pression sur l’administration afin que cette interdiction soit étendue au reste du pays Beti. Le rite est définitivement abandonné dans les années 1910 lorsque les secrets qui le fondent sont trahis et les vieux notables qui en encourageaient la pratique exécutés par certains chefs traditionnels influents tels que Charles Atangana. En définitive, comme le rapporte Laburthe-Tolra, le rite subsistera en pays Fang où il fut importé.

SOURCES :

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