Du mercredi 1er août au dimanche 12 août 2018, la place du Souvenir (ex place des martyrs) de Cotonou a vibré aux rythmes des pas de plusieurs milliers de curieux et amoureux des arts et cultures, venus rendre hommage, découvrir ou se remémorer l’histoire des amazones du Danxome. Objet de commentaires élogieux, des réseaux sociaux en passant par la presse écrite, l’exposition Mino de l’artiste béninoise Wêni a ramené en vie sous les regards du public, le célèbre corps professionnel des guerrières du royaume d’Abomey, dont les récits de la bravoure font encore aujourd’hui la fierté du Bénin.
Expo Mino, un rendez-vous entre l’histoire et la mode ?
Ouverte par un vernissage ayant connu la présence d’éminentes personnalités du pays dont le Président de la République et celui de l’Assemblée Nationale, l’exposition Mino a sans doute marqué l’attention de plusieurs pour sa particularité, le point essentiel qu’a placé Wêni avec son équipe sur les détails. Les visiteurs ont eu la chance de découvrir différents corps des agoodjiés (amazones) vêtues selon leur rang d’atcho’oke, de peaux d’animaux et de kanvo ; une étoffe fabriquée au Bénin à base de techniques traditionnelles et qui connait depuis peu une revalorisation à travers les œuvres de divers créateurs béninois. Le kanvo serait une étoffe très appréciée des royautés et populaire dans la société ancienne jusqu’à ce que le wax ne lui arrache la vedette.
Les Gulohento
Plus importante fraction du corps des amazones, les fusilières étaient vêtues de corsage bleu serré à la taille par la ceinture, et un jupon-culotte blanc à rayures bleues. Une calotte blanche ornée d’un caïman en tissu bleu leur était posée sur la tête, sans oublié qu’elles portaient également sur elles une carabine, un sabre court et un ceinturon à cartouche.
Les Gbéto
Selon l’histoire, elles représenteraient la plus ancienne unité de l’armée des femmes soldats du royaume des houégbadjavi. Elles étaient vêtues de vêtues de corsage brun, et d’un pantacourt brun et bleu arrivant aux genoux. Elles portent sur la tête un bandeau en fer avec deux cornes d’antilopes, sans oublié la lance et le poignard incurvé à la ceinture.
Les guerrières Mino « nos mères en langue fon » du Dahomey doivent leur appellation « amazones » à leurs similitudes avec les mythiques amazones de l’ancienne Anatolie (Asie mineure).
Les amazones au couvent
Au-delà d’une présentation des corps d’amazones reconnaissables à leur habillement et du récit des différents combats qu’elles ont marqué, il y un aspect de l’exposition que nul ne pouvait rater : le cadre, l’environnement. Dans un décor original, les mino ont été exposées sur une couche de sol en latérite au milieu de palissades fabriquées à base de branches de palme, le tout donnant l’impression d’un couvent. On pouvait aussi noter dans les chacun des 4 coins, la présence d’objet de décoration (crâne d’animal, popeline couverte de farine de maïs et d’huile rouge…) rappelant des autels de sacrifice comme l’on en trouve souvent dans les couvents sacrés. Cet aspect rajoute sans doute une couche d’originalité à l’exposition, et explique bien tout l’engouement autour de l’événement.
Qui est Wêni, l’artiste qui fait voyager les amazones ?
Styliste-modéliste et fondatrice du festival Mode Is Art, l’artiste béninoise Wêni est une ancienne élève de l’École supérieure des arts et techniques de la mode (Esmod) de Paris, où elle a étudié de 1998 à 2001, avant de mettre ses talents au service de plusieurs maisons de mode de la capitale française. En 2008, elle crée sa propre marque, Wêni, avec laquelle elle concocte de véritables petits chefs-d’œuvre à base de tissu-pagne ou taffetas. En 2012, la styliste parisienne franchit le pas entre entre la mode et l’art en joignant à son métier, sa passion pour les arts et cultures d’Afrique. Ceci sera concrétisé par la création à Cotonou dans la même année du festival Mode Is Art (MIA), dont la sixième édition s’est tenue les 2 et 3 décembre 2016 à Paris après cinq éditions à Cotonou, puis une septième à Hong Kong en 2017 en partenariat avec la ville asiatique. Ce rendez-vous annuel couvre trois événements à savoir les défilés de mode, les expositions et les concerts.
Peu contées ou mal contées, ces amazones s’offrent une nouvelle vie grâce au talent de l’artiste Wêni. Femmes soldates, femmes alliées, femmes accompagnatrices jusque dans la mort, femmes TOUT, les amazones des rois de Danxome après avoir conquis Honk Kong en 2017 et Cotonou une année plus tard, semblent bien apprêtées pour se révéler au reste du monde.
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